ALLSH AMU : Les résultats d’une mobilisation contre le rabotage des diplômes.

Adresse du collectif des précaires à la communauté pédagogique mobilisée de l’UFR ALLSH

L’intensification, au mois de mars, de la mobilisation autour des maquettes de formation dans l’UFR ALLSH, au sein duquel le Collectif des travailleur·ses précaires de l’ESR s’est fortement impliqué, nous a permis d’obtenir 8000 heures supplémentaires de la part de la présidence le 22 mars dernier. Nous partageons une grande satisfaction avec toutes celles et ceux qui se sont engagé·es dans cette lutte : c’est notre détermination, notre énergie, notre capacité à nous coordonner entre différentes catégories de personnels mais aussi (et cela est précieux) entre personnels et étudiant·es, qui a fait que celle-ci a porté ses fruits.

Mais nous sommes bien conscient·es que ces 8000 heures (12000 si l’on compte celles qui avaient déjà été accordées en février) pour plus de 15000 étudiant·es ne rattrapent pas plusieurs décennies de dégradation des conditions d’enseignement et d’apprentissage. Par ailleurs, nous devons rester vigilant·es dans l’étape qui s’ouvre, celle de la distribution de ces heures entre les départements – et au sein-même des départements – et dans celles qui suivront : modélisation, réalisation des emplois du temps, définition des modalités d’évaluation, etc. Des renforts ont été annoncés pour soulager les personnels administratifs, mais leurs contours restent flous.

C’est une commission formée d’élus du conseil d’UFR de diverses tendances et de personnels IATSS qui a été chargée de la lourde tâche de l’attribution du paquet des 8000 heures. Certains membres de la commission ont accepté de rendre leurs groupes de travail publics et nous les en remercions. D’autres souhaitent réserver leurs échanges aux directeur·ices de département, ce qui, d’office, met à l’écart les personnels précaires. Nous faisons pourtant partie des personnes les plus directement concernées puisque, véritables variables d’ajustement des départements, le maintien de nos postes d’emploi en dépend.

Nous profitons de ce moment de refonte potentielle des emplois du temps pour alerter sur la tentation qui pourrait s’emparer de certains collègues titulaires de profiter de l’ajout d’heures providentielles pour se gaver d’heures complémentaires. Les collègues qui effectuent une, voire plusieurs centaines d’heures complémentaires ne sont pas légion mais s’accaparent à elle·ux seule·es l’équivalent de nombreux postes contractuels, étape malheureusement inévitable dans les carrières d’enseignement et de recherche. D’où leur viennent ces capacités surhumaines à effectuer un double service d’enseignement en plus de leurs activités de recherche, et du fardeau toujours plus lourd des tâches administratives ? Le mystère reste entier. En revanche, on leur saurait gré de penser à leurs jeunes collègues qui ont besoin d’une expérience d’enseignement pour espérer un jour une titularisation (et qui sont souvent plus assidu·es auprès des étudiant·es).

Enfin, nous aimerions alerter sur les menaces qui pèsent sur la liberté d’expression et d’organisation politique au sein de l’université, dont la mobilisation aura permis de mesurer l’importance. Nous avions déjà pu constater qu’au prétexte d’impératifs sécuritaires, des étudiant·es étaient interdit·es de distribuer des tracts et de se voir accorder une salle pour se réunir. Mais voilà également que certains sujets de discussion sont censurés. Des appels au cessez-le-feu à Gaza sont considérés comme une incitation à la haine, comme une menace sur la possibilité d’étudier. Quelle est cette soi-disant “unité” que la présidence souhaite préserver ici ? L’université n’a-t-elle pas un rôle à jouer dans la structuration des débats, la politisation, l’instauration de repères pour s’orienter face aux transformations et aux conflits mondiaux, et ainsi accomplir son rôle dans le développement de l’esprit critique nécessaire à tou·tes ?

Le Collectif des travailleur·ses précaires de l’ESR Aix-Marseille réaffirme son enthousiasme et sa détermination à lutter pour défendre l’université dans un esprit unitaire et transversal, et sa reconnaissance à toutes les parties prenantes engagées dans la bataille. Notre conscience nous oblige toutefois à ces piqûres de rappel cruciales pour honorer les exigences démocratiques, égalitaires et émancipatrices de la mobilisation.

Précairement vôtre,