Apprentissage : un nouveau cheval de Troie

NOUVELLE RÉFORME DU FINANCEMENT DE L’APPRENTISSAGE 

Le développement de l’apprentissage dans le supérieur : une aubaine pour le privé
Le développement de l’apprentissage dans l’enseignement supérieur est souvent présenté comme une opportunité pour les étudiant·es, notamment dans un contexte de précarisation croissante et d’inflation, où il devient difficile de poursuivre des études sans travailler en parallèle.


Si l’alternance permet effectivement à certain·es jeunes d’accéder à des études qu’ils ou elles n’auraient pu financer autrement, son expansion rapide repose aussi sur :

  • Le sous-investissement chronique dans l’enseignement supérieur public, malgré la hausse démographique du nombre d’étudiant·es.
  • La création de milliers de CFA privés à but très lucratif, rendue possible par la réforme de 2018 (loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel ») et la politique de subvention massive de l’apprentissage, particulièrement renforcée après la crise sanitaire et maintenue jusqu’en 2027.


Ce développement profite ainsi largement aux organismes de formation privés, qui trouvent dans ce contexte un marché en pleine expansion, financé par de l’argent public, sans véritable contrôle sur la qualité pédagogique ni sur les conditions d’insertion des jeunes.

Selon un rapport d’information de l’assemblée nationale publié en 2024 sur l’enseignement supérieur privé à but lucratif https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/rapports/cion-cedu/l16b2458_rapport-information  ), la loi de 2018 a conduit à une libéralisation de l’enseignement supérieur avec une hausse de CFA passant de 1000 centres en 2018 à

3825 aujourd’hui favorisant les grands groupes de l’enseignement supérieur privé. Les rapportrices avancent également que “ 131 902 entrées en apprentissage correspondent au secteur de l’enseignement supérieur privé réputé à but lucratif soit 26 % des entrées en apprentissage en post-bac (16 % du total des entrées en 2022)”

Positionnement FSU 

Cette « nouvelle réforme » du financement de l’apprentissage répond très partiellement aux critiques formulées par la FSU sur la gabegie actuelle du financement de l’apprentissage, reposant sur une politique d’aides publiques massives à l’embauche d’apprenti·es. Si le gouvernement envisage effectivement de contraindre l’enveloppe d’argent public allouée au développement de l’apprentissage, en réintroduisant davantage de régulation et en diminuant le niveau de prise en charge des contrats, sur le fond, peu de choses changent : les logiques de mise en marché de la formation professionnelle ne sont pas remises en question, et sa volonté de prioriser les niveaux de formation 3 et 4 risque de fragiliser encore davantage les formations sous statut scolaire en lycée professionnel, sans apporter de réponses aux jeunes les plus en difficulté. La FSU rappelle sa demande d’abrogation de la loi de 2018 “pour la liberté de choisir son avenir professionnel”. Elle rappelle son exigence de l’arrêt immédiat des aides publiques à l’embauche d’apprenti·es et exige un retour à la régulation et au contrôle de l’apprentissage. Celui-ci doit être assuré par les ministères certificateurs et des moyens conséquents doivent y être alloués. 

La FSU demande que les fermetures de formations en apprentissage que ces orientations vont inévitablement entraîner dans le public, notamment dans le supérieur, soient compensées par des ouvertures en formation sous statut scolaire ou étudiant, et que le budget du MESR soit revu en conséquence pour permettre à l’ensemble des jeunes qui veulent poursuivre leurs études de le faire dans le service public.